mort kilométriqueLe phénomène de la « mort kilométrique » est un concept connu des psychologues et sociologues.

Vous trouvez peut-être son nom un peu… barbare, mais vous verrez que ce concept est malgré tout, très utile !

Il y a plusieurs années, en 2000 précisément, deux psychologues ont réalisé une expérience inédite en Belgique.

L’expérience de la « mort kilométrique » :

L’expérimentateur fit lire à un panel de sujets belges un article de presse relatant un incendie (On pouvait y lire que l’incendie avait réveillé toute la rue, que telle maison était entièrement couverte de flammes et on entendait les cris d’une mère appelant son enfant resté à l’intérieur, etc…).

Le groupe des lecteurs fut divisé en deux : on dit à la première moitié que l’incendie s’était passé en Belgique et à l’autre moitié, qu’il s’était déroulé en Angleterre.

Ensuite, on demanda à tous les participants de décrire ce que les victimes de l’incendie auraient ressenti.

Et voici les résultats :

Le premier groupe (pour qui les victimes étaient belges) a décrit ceci en utilisant des mots forts comme désespoir, culpabilité, colère, peur, douleur, souffrance, responsabilité – ce sont des émotions dites « primaires » et « secondaires ».

Le deuxième groupe (pour qui les victimes étaient britanniques) a utilisé des mots comme peur, tristesse, douleur – ceux-ci désignent uniquement des émotions primaires.

Conclusion :

Plus on est proche géographiquement d’un endroit où un événement se passe, plus on se sent concerné, impliqué, disposés à compatir.

Au contraire, plus la distance kilométrique est grande, plus on est détachés.

Les auteurs de l’expérience parlent également « d’infra-humanisation » : on ne prête que des sentiments primaires aux personnes qui vivent loin de nous (à l’étranger, dans d’autres communautés). En revanche, on prête des sentiments complexes (« humains ») à ceux qui vivent près de nous.

C’est aussi une des raisons pour lesquelles les médias accordent plus d’importance aux événements nationaux, car les téléspectateurs y seront forcément plus sensibles, plus réceptifs.

Et vous, comment pouvez-vous utiliser ce concept ?

Rappelez-vous tout simplement que la distance géographique joue sur l’intensité de la réaction de votre interlocuteur. Si vous cherchez des exemples pour illustrer un argument, une demande, etc, choisissez des exemples près de chez vous, près de votre interlocuteur : il y sera plus réceptif.

Ne dites pas « les Américains (ou les Australiens, les Anglais) adorent ce produit », parlez plutôt des Parisiens, des Français, des Auvergnats, etc…

Moins il y a de kilomètres entre votre interlocuteur et ce dont vous parlez, plus vous avez de chances de le convaincre !

Bien amicalement,

Olivier